Recevoir un diagnostic de leucémie myéloïde aiguë est un choc pour tout le monde. Le recevoir sept ans presque jour pour jour après le diagnostic de son père de la même maladie est un bouleversement sans précédent. Heureusement, grâce aux progrès de la science, Me William Brock a remporté ce combat qu’il croyait perdu d’avance et consacre maintenant ce qu’il nomme « sa deuxième vie » à redonner pour en sauver d’autres et à mobiliser le plus de gens possible.
C’est le 21 septembre 2004 que l’existence de ce réputé avocat a basculé. Dans la quarantaine, avec 2 enfants de 9 et 11 ans, il pense alors qu’il n’aura pas la chance de les voir grandir. Après plusieurs mois de chimiothérapie, il reçoit une greffe de cellules souches de son frère Gordon, un médecin, le 17 février 2005. En cette date charnière commence le chemin vers la guérison… et la gratitude.
« Je dois ma vie à la science et aux gens qui, depuis 30, 40, 50 ans, se dévouent à la recherche, exprime-t-il avec émotion. Chaque jour, je constate à quel point je suis privilégié. » Cette reconnaissance va paver la suite de sa trajectoire : « Quand on réalise comment la vie est fragile, on réalise aussi son importance. On m’a donné en quelque sorte une seconde chance, et je veux en profiter en accomplissant des choses déterminantes. »
Débordant d’une énergie contagieuse et d’une générosité sans pareille, il s’affaire donc depuis à manifester sa gratitude par des actes, notamment dans le cadre de collectes de fonds pour la recherche sur le cancer du sang de même que pour l’avancement des thérapies cellulaires et géniques. Ses efforts soutenus de mobilisation ont entre autres mené à la création de la Chaire Maryse et William Brock pour la recherche appliquée en greffe de cellules souches de l’Université de Montréal (UdeM), à la suite d’un défi lancé par le Dr Jean Roy de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, où Me Brock a été traité. Partant d’un objectif déjà ambitieux de 1 M$, il a réussi à récolter plusieurs millions de dollars en dons et, depuis, grâce à ses efforts de mobilisation, en reçoit de manière quasi hebdomadaire.
Propager l’espoir
Il a également mené plusieurs autres activités de financement au cours des dernières années, dont la publication de deux ouvrages aux Presses de l’UdeM – Portraits d’espoir (2012) et En un mot (2023). Ces recueils de photos-témoignages de personnes ayant survécu comme lui au cancer visent à redonner aux patientes et patients cet espoir qui souvent se perd face à cette crise existentielle : « L’espoir est un cadeau. L’espoir est nécessaire. Malheureusement, je n’en avais pas beaucoup lorsque j’ai reçu mon diagnostic, parce que le seul exemple que j’avais, c’était mon père, décédé après 6 semaines. »
Et de l’espoir, il en a maintenant à revendre : « Si on regarde uniquement à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’UdeM, un établissement de renommée mondiale, il y a des découvertes pour améliorer les traitements qui sont faites chaque jour. Des spécialistes y travaillent entre autres sur un vaccin contre le cancer. Imaginez comment cela pourrait changer les choses! Actuellement, pour la leucémie le taux de survie pour les adultes est à peu près de 50 %, mais on va arriver à 90 %, je le souhaite, voire à 100 %. »
Il s’implique d’ailleurs comme président des conseils d’administration de l’IRIC et du CellCAN, Réseau de médecine régénératrice et de thérapie cellulaire, en plus de siéger à celui du Centre C3i, qui vise à accélérer la découverte et la commercialisation de traitements d’immunothérapie du cancer ainsi que l’accès à ces thérapies.
En faire toujours plus
On pourrait croire qu’avec toutes ces activités philanthropiques il aurait ralenti la cadence dans la sphère professionnelle. Au contraire, comme il le mentionne avec conviction : « Je me reposerai quand je serai mort. » Associé chez Davies Ward Phillips et Vineberg à Montréal, il fait partie des 100 avocates et avocats les plus créatifs et des 25 meilleurs plaideurs en droit des affaires du Canada.
Cela ne l’empêche également pas d’effectuer tous les cinq ans un grand voyage pour célébrer sa victoire face à la maladie : de la France à la Hongrie, en Espagne et au Portugal, il a aussi fait l’ascension du mont Kilimandjaro et planifie sous peu son quatrième périple, qui le mènera sûrement vers une nouvelle grande aventure.
Signe de son altruisme hors pair, il tient à partager ce Prix philanthrope 2023 de l’UdeM avec toutes les personnes qui ont contribué à sa guérison : « La vraie récompense, c’est le fait que mes enfants ont encore leur père, à 28 et 30 ans. C’est le travail que les chercheuses et chercheurs font pour trouver des thérapies et des médicaments pour que d’autres aient la même possibilité que moi. »
Et il est loin d’en avoir fini avec ses ambitions philanthropiques puisqu’il carbure aux projets porteurs, notamment pour sa chaire dont le Dr Jean Roy est titulaire, en plus d’un troisième livre qui lui trotte dans la tête. « Nous avons la responsabilité collective d’améliorer le monde, de le laisser dans un meilleur état. Si chacune et chacun participe à sa façon, ensemble, on accomplira des choses incroyables! »
Décerné à une personne donatrice de l’UdeM, diplômée ou non, qui se distingue par son engagement philanthropique remarquable et qui suscite l’admiration de ses pairs pour son implication dans l’épanouissement de l’Université et de ses différentes communautés.
Prix de la relève Catherine Fournier
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Prix de l’engagement bénévole Sandro Échaquan
Ordre du mérite Pierre Karl Péladeau